kebab au halloumi

Le kebab ne désigne plus seulement un petit pain, genre pita, garni de viande grillée que les Turcs nomment döner kebab, tout simplement parce qu’il s’agit d’une viande « tournante » (döner) comme on en voit aujourd’hui un peu partout dans les agglomérations du monde entier, embrochée et tournant devant des brûleurs à gaz. Non, le kebab marque avec ses cousins Big Mac ou Burger King l’ère de la mondialisation des saveurs et des imaginaires, et l’aptitude du consommateur à se conformer à ce que les géants de l’alimentaire décident de lui faire avaler. C’est à un cuisinier turc installé à Berlin que revient l’idée d’avoir garni pour la première fois une pide ou pita de döner kebab : or en Allemagne, comme dans la plupart des pays européens, les restaurants de kebab ont damé le pion à leurs principaux concurrents américains, McDonald’s et Burger King.

Pourtant ce petit sandwich n’a pas toujours été cette espèce d’Attila de l’alimentation, assoiffée de conquête. On le retrouve, sur le versant oriental de la Méditerranée, associé aux gastronomies traditionnelles turque, grecque (souvlaki servie dans une pita), serbe, croate (cevapi ou cevapcici, rouleau de viande hachée grillée, servi à l’intérieur du lapinja ou soumun), etc.

A Chypre, le kebab n’est pas farci à la viande de mouton, de veau ou de porc… mais au halloumi, un fromage de chèvre qui est une spécialité de l’île et dont les connaisseurs se délectent. Si on dispose d’un pain pita, de ce fromage made in Chypre et nulle part ailleurs, de concombre, de menthe fraîche, de basilic, d’une feuille de salade, d’oignon cuit, voire de chutney, on peut alors préparer ce kebab au halloumi après avoir fait revenir celui-ci au préalable dans une poêle avec de l’huile.