baškotin
Forme : celle d’un anneau
Pays d’origine : Croatie
Marque de fabrication distinctive : cuit deux fois
Catégories : (4) il a de très nombreux cousins dispersés sur toutes les côtes du monde, partout où les marins ont pris la mer
Signe particulier : il ne redoute pas l’épreuve du temps ; mais les dents le redoutent
Ingrédients : farine de froment ; matière grasse ; eau ; sel
Croatie
En Croatie comme dans la plupart des contrées qui ont un débouché maritime, est née la tradition des pains ou biscuits de mer. Pour ceux qui s’absentaient durablement, il fallait confectionner un « bagage » alimentaire susceptible de se conserver le temps de la traversée. Les pains « cuits deux fois », voire davantage, et donc parvenus à un complet dessèchement, étaient les compagnons fidèles des marins ou de ceux qui partaient faire la guerre. La biscotte (italien bis-cotto, « cuit deux fois ») appartient donc de plein droit à cette famille des pains secs sur lesquels le temps semble n’avoir pas de prise. Les asticots parfois oui. D’où la nécessité pour les marins au long cours, une fois ces « biscuits » sortis du baril où ils reposaient ou moisissaient, de les repasser par la flamme avant d’en faire usage.
Le baškotin, tranche de pain de blé qui a été remise au four, et le baškot, en forme d’anneau, sont donc des pains-biscuits sur lesquels on peut se casser gentiment les dents. A moins de les tremper au préalable dans du lait, du café, ou un vin pétillant comme le prosecco. L’Italie n’est, après tout, qu’à distance d’un bon nageur.
La tradition veut que ces pains de mer croates aient été initialement réalisés par les Bénédictines du couvent de Sainte-Marguerite, sur l’île de Pag. Toujours habité, le couvent conserve jalousement la mémoire de ces temps où les sœurs se préoccupaient de la destinée des marins. Peut-être avaient-elles une pensée pour ceux que la mer isolait de la communauté, le temps d’un face-à-face qu’elles eurent voulu avec Dieu. Plus sûrement, c’est cette vénération dont le pain fait l’objet en Croatie qui peut expliquer que le pain des marins ait été pensé et préparé par des religieuses. Si un bout de pain tombe par terre, on se précipite pour le ramasser. On l’embrasse comme si on lui demandait pardon, puis on le porte à sa bouche en l’accompagnant, par exemple, d’un morceau de ce célèbre fromage qu’on trouve, précisément sur l’île de Pag, le paški sir.