lavash
Forme : feuille de pain
Pays d’origine : Arménie
Marque de fabrication distinctive : ensemencement au levain et cuisson au four vertical, type tannur
Catégories : (1) appartient au groupe des feuilles de pain qui compte également le yufka turc, le rgâg yéménite, la brick tunisienne
Signe particulier : il est à l’Arménie ce qu’est la baguette à la France. Facile à mettre en œuvre et pourtant, obéissant à quelques secrets tours de main
Ingrédients : farine de froment ; levain ou levure de boulanger ; yaourt nature ; sel ; eau tiède
Arménie
Sur cette feuille de pain, si mince, le peuple arménien semble avoir écrit ses mythes fondateurs. Celui-ci par exemple. Lors d’un affrontement opposant les Arméniens aux Assyriens, le roi Aram est fait prisonnier. Le roi assyrien vainqueur, Nassor, impose alors ses conditions. Au terme d’un jeûne de onze jours, Aram l’affrontera dans une compétition de tir à l’arc. En cas de victoire, Aram aura la vie sauve. Le vaincu n’a pas d’autre alternative que d’accepter, mais à la condition qu’on lui fasse parvenir sa cuirasse avec laquelle il veut affronter son épreuve de jeûne puis sa joute avec le roi assyrien.
Des émissaires assyriens sont dépêchés et rapportent bientôt la cuirasse sans savoir que les amis du roi y ont caché une mince feuille de pain, par nature indiscernable. Aram revêt son armure et se plaint aussitôt qu’elle n’est pas celle qui lui sied le mieux. Le roi est coquet. Qu’on lui en apporte une autre et ainsi de suite durant les onze jours où le roi est régalé régulièrement dans sa retraite de délicieux lavashs. Il est des réclusions plus terribles que celle-là ! Au terme de sa détention, Nassor n’en revient pas de voir son compétiteur, après onze jours de jeûne, aussi fringant et remportant pour finir la compétition. De retour parmi les siens, Aram consacre le lavash pain-étendard. Les Arméniens sont invités à le préférer à tout autre.
On trouverait bien d’autres histoires à raconter autour de cette fine pellicule de pâte. Feuille de papier ou pellicule cinématographique. Pâte allongée au moyen d’un mince rouleau en noyer en une très fine abaisse, non levée bien qu’ensemencée au levain, elle est cuite en quelques 2 minutes collée aux parois du four vertical, espèce de jarre enfouie dans le sol et ouverte aux deux extrémités. On en dispose comme d’une crêpe lorsqu’elle est fraîche : elle est garnie, fourrée ; elle enrobe une brochette ; elle permet d’accompagner tout aliment. Une fois séchée, on peut la conserver durant des mois.