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Le tour du monde en 80 pains | murtabak

Forme : feuille de pain très souple

Pays d’origine : Malaisie

Marque de fabrication distinctive : on étale la pâte en la lançant en l’air

Catégories : (1 et 7) sans doute parmi les feuilles de pain, la plus fine, la plus élastique et l’une des seules à prendre les airs

Signe particulier : le spectacle des faiseurs de murtabak dans leurs échoppes fait partie des curiosités que rapportent les touristes rentrés de Malaisie

Ingrédients : farine de blé ; eau, sel ; un peu de matière grasse

Le tour du monde en 80 pains | Malaisie

Malaisie

Le pain voyage. Les pèlerins, les nomades, les marins, les guerriers, les conquérants le transportent avec eux et il finit par s’acclimater. On a peine parfois, plusieurs siècles plus tard, à le reconnaître, tant il a fini par se fondre dans le paysage culinaire du pays d’adoption. Mais si on creuse un peu, si on questionne l’histoire des peuples et des grands mouvements migratoires, alors on n’est pas loin de se dire : « Bon sang, mais c’est bien sûr ! Ce murtabak a été, dans une autre vie, un pain indien, et les Malais l’ont simplement mis à leur sauce » – les Indiens ont, en effet, exercé une forte influence sur la région.

Cette abaisse de pâte extrêmement fine, translucide, avait, avant de débarquer ici, toute une histoire. Un boulanger indien, un jour, il y a fort longtemps, l’esprit un peu embrumé, ou alors sous l’effet d’une forte inspiration, a ajouté un élément de matière grasse au moment où il abaissait le disque de pâte servant à préparer le classique rotî, appelé aussi chapâtî, et obtenu aussitôt un nouveau pain qui, cuit sur la plaque graisseuse, a été nommé parâthâ. Nous savons bien que les plus grandes inventions naissent d’étourderie de ce genre. Ou peut-être de coup d’audace et de génie. La gastronomie n’échappe pas à cette règle. Or nous tenons avec le parâthâ, très certainement, l’ancêtre de notre murtabak.

L’art de confectionner les murtabaks incombe à quelques artistes de haut vol. Une fois cette pâte pétrie, sans levain ou levure, elle est divisée en pâtons qui sont étalés en disques les plus fins possibles. C’est à ce moment que le travail de haute voltige commence. Chaque murtabak est littéralement jeté en l’air de manière à l’élargir jusqu’aux limites de son extensibilité et à obtenir ces voiles de pâtes qu’un souffle de vent suffirait à déchirer. Ou emporter.